Développement durable

42,5% d'énergies renouvelables: l’objectif de l’UE d'ici 2030

Julien Brun / Publié le 12:12 05.05.2023


Les Etats membres et les eurodéputés veulent doubler la part des renouvelables dans le mix énergétique européen d’ici la fin de la décennie. Le Conseil et le Parlement européen sont parvenus à un accord politique provisoire sur la directive relative aux énergies renouvelables. Ce deuxième dossier énergétique du paquet "Fit for 55" doit encore être formellement approuvé par les deux institutions.

Il aura fallu pas moins de quinze heures de débats pour parvenir à l’objectif contraignant de 42,5 % de renouvelables dans la consommation européenne d’ici 2030. Cela représente un quasi-doublement du niveau actuel d’environ 22 % (19 % en France et 11,7 % au Luxembourg).

La biomasse considérée comme 100 % verte

L’accord considère désormais la biomasse comme une source « 100 % verte ». Les écologistes s’inquiètent pourtant de ce bois brûlé pour produire de l’électricité et notamment son impact sur les forêts.

L’atome qui divise

Le texte assure «la reconnaissance du rôle spécifique du nucléaire qui n’est ni vert ni fossile» a expliqué l’eurodéputé Pascal Canfin. Mais les Vingt-Sept restent résolument divisés sur la question. La France et une dizaine d'autres Etats y voient une source décarbonée efficace dans la lutte contre le réchauffement climatique. La vision inverse est soutenue par l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et le Luxembourg. Xavier Bettel qualifie même le nucléaire comme “pas sûr, pas rapide, pas bon marché et pas respectueux du climat”.

La France et ses alliés souhaitaient un traitement similaire entre l’hydrogène renouvelable et l’hydrogène «bas-carbone» produit avec de l’électricité d’origine nucléaire. Mais l’Allemagne et le Luxembourg n’étaient pas d’accord pour une telle égalité de traitement, craignant un ralentissement des investissements dans les énergies renouvelables.

Un compromis a été trouvé en assouplissant les objectifs pour les pays disposant d’une importante production électrique décarbonée. Ainsi, les Etats membres où la part d’hydrogène fossile dans la consommation d’hydrogène du pays sera inférieure à 23 % pourront réduire la cible d’hydrogène renouvelable pour 2030 de 20%.

La France ne sera donc pas obligée de construire du renouvelable pour faire de l’hydrogène pour l’industrie et les transports mais pourra aussi utiliser le nucléaire. C’était là une condition absolue pour la France pour soutenir l’accord final selon M. Canfin.

Nouvel objectif pour le Luxembourg

Le ministre de l'Énergie, Claude Turmes, se félicite de la conclusion de l'accord: "L'accélération du développement des énergies renouvelables est un pas important pour notre climat, et également pour notre industrie. Je salue en particulier l'augmentation de l'objectif visant à porter la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique globale de l'UE de 32,5% à 42,5% d'ici 2030, avec un complément indicatif supplémentaire de 2,5% qui permettrait d'atteindre 45%."

En outre, le ministre luxembourgeois se félicite des objectifs industriels convenus pour l'hydrogène renouvelable: 42% d'ici 2030 et 60% d'ici 2035: "Je suis content que la tentative de dernière minute de diluer cet objectif ait été contenue et limitée à un rabais possible beaucoup plus restreint que ce que souhaitaient les pays pro-nucléaires."

L'objectif de 42,5% d'énergies renouvelables au niveau européen signifiera que le Luxembourg visera probablement un objectif de 35% d'énergies renouvelables en 2030 (par rapport à 25% inscrits actuellement dans le PNEC de 2020).

En 2020, le Luxembourg avait un objectif de 11% à atteindre auquel il est parvenu. En 2021 le Luxembourg a ensuite réalisé un pourcentage de 11,7% d'énergies renouvelables dans sa consommation d'énergie finale (tous secteurs compris). Ce chiffre total doit être analysé sous l'angle de l'étroitesse de son territoire et de l'importance du secteur des transports (et surtout le tourisme à la pompe) dans la consommation d'énergie nationale.

Le Luxembourg aurait un potentiel significatif pour développer davantage sa production d’énergies vertes. En 2021, il était 4e sur 27 en termes de production d’électricité photovoltaïque et 14e dans l’éolien.