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La Mutualité de Cautionnement facilite l’entrepreneuriat

Laurent / Publié le 15:39 22.06.2022 | 04 min


Basée au sein de la House of Entrepreneurship, la Mutualité de Cautionnement de la Chambre de Commerce a pour but de faciliter l’accès au financement bancaire des entreprises luxembourgeoises. Et surtout des PME. Depuis la crise sanitaire, la demande en matière de cautionnement est en hausse. Et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Rencontre avec Christophe Stein, CEO de la Mutualité de Cautionnement.

En 2018, la Mutualité de Cautionnement a pris un nouvel envol… Oui, ce fut un nouveau départ pour mieux soutenir l’entrepreneuriat au Luxembourg ! En 2018, la Chambre de Commerce et la Mutualité de Cautionnement (MC) ont donc présenté la nouvelle organisation de la MC et ont signé une convention de collaboration avec les principaux établissements financiers actifs dans le financement des PME, en plus d’un contrat de contre-garantie avec le Fonds Européen d’Investissement (FEI). Le processus de modernisation de la MC a été complété par une refonte en profondeur des statuts, comprenant notamment le changement de la dénomination sociale et la mise en place d’une nouvelle gouvernance.

Concrètement, quelles furent les nouveautés ? Parmi les principales nouveautés de la MC entrées en vigueur le 1er janvier 2018, on trouve le montant du cautionnement. Il a été revu à la hausse : de 50.000 euros, nous sommes passés à 250.000 euros par dossier, sans toutefois pouvoir dépasser 50% du montant du prêt à cautionner. Les investissements immobiliers utilisés à des fins professionnelles sont désormais éligibles, tout comme les projets issus de secteurs innovants, élargissant ainsi le périmètre d’intervention de la MC. Il revient désormais à la banque d’introduire pour le compte de son client, la demande de garantie à la MC. Une prime de risque minimale et unique de 0,5% du montant cautionné, à multiplier par la durée du cautionnement, sera payable par l’entreprise bénéficiaire. Enfin, en cas de dénonciation du crédit, la banque pourra faire appel à l’exécution de la garantie bancaire à la première demande, après en avoir informé la MC. Ces nouveautés facilitent l’accès au financement pour les entreprises et contribuent donc à la promotion de l’entrepreneuriat au Luxembourg.

Une « caution », qu’est-ce que c’est ? Le terme signifie qu’une personne se porte garante pour une autre. Lorsque vous empruntez de l’argent à la banque, vous devez rembourser ce prêt en «x mensualités». C’est le cas classique. Suite à une analyse interne nous pouvons proposer une caution à nos clients. Ainsi, nous nous portons garant de l’entrepreneur. Par exemple, une caution sur un tiers du montant emprunté. En cas d’appel à garanties, nous remboursons notre quote-part du solde restant dû directement à la banque. On demande également une prime de risque à l’entrepreneur. Le client paiera ainsi 0,5% de prime par année et aucun autre frais supplémentaire.

Quelle importance la MC a-t-elle au Luxembourg ? La MC a pour objectif de pallier le manque de garanties des PME par l’octroi d’un cautionnement. Elle peut se porter garant auprès des établissements de crédit agréés lorsque les garanties fournies par l’entrepreneur s’avèrent insuffisantes. La MC peut intervenir pour des projets d’investissement viables présentés par des entreprises traditionnelles ou innovantes lors des phases de création, de développement, de modernisation ou de transmission. La MC veut en premier lieu soutenir les investissements productifs et le financement de besoins de trésorerie mais ne couvre pas les restructurations financières. Afin de pouvoir profiter d’une garantie de la MC, le demandeur s’adresse à sa banque qui va introduire pour son compte une demande à la MC.

En pratique, comment cela se passe-t-il avec les entreprises ? Nous abordons la question du « conseil au financement ». Il s’agit de conseils que nous donnons aux clients afin de les préparer au mieux à un entretien avec la banque. Exemples : comment se présenter à la banque avec son dossier, revoir avec eux leur business plan, etc… Ensuite, « le conseil aux aides ». Nous aidons les entrepreneurs à trouver le bon financement par rapport à l’activité/investissement qu’ils souhaitent entreprendre. On les sensibilise sur l’ensemble des financements possibles au Luxembourg, comme les subsides ou les aides qui ne sont pas toujours connues des entrepreneurs. Des aides apportées par le ministère de l’Économie ou l’ADEM par exemple. Étant bien entendu que ces différents organismes ont, eux-aussi, des Services qui conseilleront les entrepreneurs.

« Avant 2019, on empruntait pour se développer alors que maintenant, on emprunte pour survivre »

Les Petites et Moyennes Entreprises vous sollicitent de plus en plus. Pourquoi ? Parce que c’est ce type d’entreprises qui a le plus besoin de nos services et de notre aide aujourd’hui. Les grandes firmes ont généralement plus de facilité pour recevoir un financement. Ces PME ont une vision à court ou moyen terme et souhaitent investir. Elles peuvent nous solliciter et si le dossier est bon, elles peuvent bénéficier des aides appropriées. Sans cela, elles n’auraient probablement pas évolué.

Comment faites-vous pour savoir si une entreprise est « fiable » ? Il faut déjà retenir que nous ne sélectionnons pas les clients. Cependant, notre clientèle principale reste les commerçants. Précisons d’abord que les entrepreneurs arrivent chez nous via deux voies principales. Premièrement, via l’intermédiaire des conseillers de la House of Entrepreneurship. Celle-ci les reçoit une première fois et ensemble, ils discutent du projet à mettre en place. Ils évoquent la situation financière de l’entrepreneur et tout ce qui tourne autour de son projet…S’ils constatent que ces personnes ont besoin de conseils et d’une aide supplémentaire, ils peuvent les diriger vers la MC. On travaille donc main dans la main. Nous sommes complémentaires. Deuxième cas, ils sont envoyés via la banque. En effet, il arrive parfois que la banque ait besoin d’une garantie supplémentaire. Nous intervenons alors sur ces dossiers afin de les rendre éligibles à un financement. Citons par exemple, le manque de fonds propres ou de garanties dont le demandeur dispose au départ.

Que se passe-t-il en cas de problème avec le client ? S’il ne rembourse plus par exemple… Heureusement, ce n’est pas fréquent (rires). Mais cela peut arriver. Dans cet exemple, prenons un cas classique où la banque va d’abord se tourner vers le client (mise en demeure). Par après, la banque nous appelle, car nous avons une convention et nous versons notre quote-part sur le montant encore engagé (en fonction du contrat) dans les 35 jours. Pour la MC, la dernière étape sera d’aller vers le client et trouver une solution pour régler les paiements restants.

La crise sanitaire démarrée en 2019 et le conflit en Ukraine ont-ils redistribué les cartes ? Oui. La situation a changé. Et de façon conséquente ! Avant la crise du covid, le cautionnement ne concernait qu’environ une soixantaine de dossiers par an. Aujourd’hui, nous sommes passés à 500. C’est effectivement énorme. La nature des dossiers a également changé. Autrefois, il s’agissait de dossiers “d’investissements purs”. Durant la crise, on parlait plutôt de fonds de roulement. En clair, avant 2019, on empruntait pour se développer alors que maintenant, on emprunte pour survivre. C’est inquiétant et interpellant. La MC a quand même bien réagi et s’est adaptée. Notamment en allégeant son processus d’analyse. Si une entreprise était « saine » avant 2019 et se porte moins bien maintenant suite aux crises traversées, la MC peut se porter garante.