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Esch/Alzette : une exposition sur les Frontaliers. Des vies en stéréo

Laurent / Publié le 13:16 07.11.2022


Une exposition immersive de Mehdi Ahoudig et Samuel Bollendorff (22.10.2022 - 05.02.2023), organisée par Esch2022 - Capitale européenne de la culture et produite par Les films du Bilboquet avec le soutien de la Région Grand Est, de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) et de Sony France.

CREDIT PHOTOS : L’équipe de presse Esch2022

L’exposition Frontaliers. Des vies en stéréo à la Massenoire à Esch-Belval donne un coup de projecteur sur une communauté marquant de façon unique le quotidien de la région d’Esch2022 : celle des frontaliers. Des salariés issus d’Allemagne, de Belgique et de France se rendent quotidiennement au Luxembourg pour y travailler et vivent dans la zone frontalière. Ils sont actuellement environ 212 000* à franchir chaque jour la frontière vers le Grand-Duché, dont la moitié sont des Français. C’est l’une des raisons pour lesquelles les deux initiateurs et curateurs de l’exposition, Mehdi Ahoudig et Samuel Bollendorff, se sont consacrés particulièrement à eux : les frontaliers français, au cours du voyage documentaire dont ils présentent les résultats dans cette exposition multimédia. Plus de 90% d’entre eux vivent en Meurthe-et-Moselle et Moselle, dont notamment les huit communes de la CCPHVA (Communauté de Communes Pays Haut Val d'Alzette) d’Esch2022 qui en font également partie.

Le réalisateur son et audio-visuel français Mehdi Ahoudig et le photographe et cinéaste franco-luxembourgeois Samuel Bollendorff ont initié leur projet documentaire sur les frontaliers français début 2020. Il ne s’agissait pas de produire une étude « représentative » au sens scientifique, mais bien plutôt d’entreprendre un voyage documentaire prenant la forme d’une étude de terrain audiovisuelle, par la rencontre avec environ 80 personnes. Les deux artistes sont entrés en dialogue avec leurs interlocuteur set partagent leurs expériences et les résultats de leur enquête avec les visiteurs de l’exposition immersive Frontaliers. Des vies en stéréo. En Lorraine, ils ont tenté de dresser une typologie des frontaliers et présentent, dans le cadre de cette exposition, leurs rencontres avec une douzain de personnes. Les résultats de leur étude sont restitués simultanément par trois médias différents, visuels et sonores. C’est ainsi que les deux artistes poursuivent leur recherche sur le dialogue entre image et son.

En plus de l´exposition immersive, la Chronique, publiée en août sur le site d’Esch2022, contient différents éléments du projet traités sous une forme expérimentale, directe ou artistique, partagés et diffusés via internet dans des formats courts. Le film documentaire Il était une fois dans l'Est fait partie de ce projet et décrit les lieux où se déploient les « destins » des frontaliers. Il sera diffusé à la télévision française (France 3 – Grand Est, le 10.11.2022 puis LCP – La chaîne parlementaire et France 3 national), ainsi que dans différents cinémas. La première a lieu le 21.10.2022 à « L’Arche » de Micheville. *Source: STATEC

Un voyage technologique et intime

Mehdi Ahoudig et Samuel Bollendorff travaillent ensemble depuis 2010, expérimentant les nouvelles formes d’écritures audiovisuelles pour explorer le dialogue entre image fixe et son. Comment engager l’imaginaire du spectateur en exposant le hors-champ ? Leur première collaboration, À l’abri de rien, une enquête sur le mal-logement en France reçoit le prix Europa en 2011. Ils réalisent ensuite La Parade, un conte post-industriel en photographie parlante, sur les cultures populaires héritées de la mine (Étoile et Mention à l’œuvre audiovisuelle de la SCAM en 2018). Ils sont convaincus que la fixité du cadre permet d’établir une surface d’écoute et laisse l’espace de l’interprétation et de la création du lien entre l’image et le son. Le spectateur libéré de la permanence du renouvellement de l’information visuelle peut ainsi laisser libre cours à la constitution d’images mentales guidées par le récit sonore. Il prend alors en charge le « troisième argument narratif » et s’engage dans le récit, en convoquant son propre registre imaginaire pour relier le son et l’image détachés, animer le hors-champ et créer sa propre expérience. Pour rendre compte de cette enquête, ils ont également souhaité poursuivre l’expérimentation en proposant un engagement physique au spectateur. Des photographies animées, des panoramiques composés à partir d’une multitude d’images, des vidéos incrustées dans des images fixes... Ils choisissent de brouiller les pistes de perception, de mettre à distance le réel brut et d’élaborer un univers à traverser au fil d’une expérience spatiale et temporelle, progressive et asynchrone. L’engagement physique du spectateur et son immersion sonore sont autant de champs d’expérimentation, visant à enrichir les images pour créer une expérience de photographie parlante sensorielle.

Les curateurs et initiateurs

Mehdi Ahoudig est réalisateur sonore et audiovisuel. Depuis 2004, il a réalisé de nombreux documentaires pour ARTE Radio et France Culture (Wilfried, Poudreuse dans la Meuse, Qui a connu Lolita...) récompensés par le Prix Europa en 2010, 2011 et 2015. Son dernier documentaire, Une caravane en hiver a reçu le prix de la diffusion Raï au Primed en 2020. Mehdi Ahoudig vit à Marseille. Samuel Bollendorff est photographe et réalisateur franco-luxembourgeois. Il interroge la place de l’humain dans les sociétés du XXème siècle. Pionnier du documentaire interactif et des projets transmédias, il explore les nouvelles formes d’écritures audiovisuelles et leur transposition dans l’espace public. Son travail photographique, ses films et ses installations dans l’espace public alimentent son questionnement sur l’image comme outil de réflexion politique. Parmi ses réalisations : Voyage au bout du charbon (Prix SCAM 2009), À l’abri de rien, co-réalisé avec Mehdi Ahoudig (Prix Europa 2011), Le Grand Incendie (Visa d’or du documentaire interactif), La Nuit Tombe sur l’Europe ou encore Les détachés. Il vit et travaille à Paris.

Le lieu

La Massenoire

Datant de 1965, le bâtiment de la Massenoire était utilisé pour la préparation de la masse de bouchage (à base de goudron) du trou de coulée des hauts fourneaux, appelée masse noire. La partie est abrite un espace semi-extérieur qui servait d’abri aux séchoirs de poches à fonte. Après l’introduction de la marche à contrepression, la fabrication a été abandonnée et l’atelier a fermé à la fin des années 1970.