Politique & Collectivités

Une image plus dynamique

Laurent / Publié le 11:52 20.02.2023


Le parti CSV -les chrétiens-sociaux- est en pleine mutation, un an avant les élections d’octobre 2023. L’occasion, pour RoudeLeiw, d’aborder quelques thèmes d’actualité avec Elisabeth Margue, la présidente du parti.

Ces derniers mois, plusieurs changements sont à signaler au sein de votre parti. Comment l’expliquez-vous ?

Effectivement et il fallait le faire ! Nous avons un nouveau slogan : “Quelque chose de neuf est créé “. On veut donner une nouvelle image, une nouvelle approche de nos engagements politiques vis-à-vis du citoyen qui a toujours été et qui reste, plus que jamais, au cœur de nos préoccupations. En créant aussi un nouveau logo, avec 3 couleurs, on met notamment en avant la diversité de notre parti. Le CSV reste un grand parti populaire, même s'il se trouve au sein de l’opposition. J’espère que notre nouvelle approche est appréciée par la population et par tous ceux qui nous soutiennent. L’image qu’on donne est sans doute plus dynamique qu’avant. Peut-être plus jeune et moderne aussi. C’était une nécessité et une volonté de montrer, plus que jamais, notre présence, nos forces et valeurs au sein du paysage politique luxembourgeois. On ne fait pas du neuf avec du vieux.

Quel message adressez-vous à la jeunesse ?

Elle doit savoir qu’on ne les oublie pas ! Et je sais bien que c’est très difficile pour elle en ce moment. Avant, certains nous ont reproché d’aborder des sujets qui n’intéressaient pas assez les jeunes : le message est bien passé. Cette jeunesse est confrontée à plusieurs problèmes: problématique du logement, crise énergétique, crise sanitaire, réchauffement climatique, etc. Pour la majorité de ces jeunes, ces sujets sont devenus prioritaires et sont plus souvent discutés qu’auparavant. La mentalité a changé. En cette période trouble, l’Etat doit être plus que jamais présent pour aider cette jeunesse à grandir et à se lancer dans les meilleures conditions dans la vie active.

"Quelque chose de neuf est créé. On veut donner une nouvelle image, une nouvelle approche de nos engagements politiques vis-à-vis du citoyen qui a toujours été et qui reste, plus que jamais, au cœur de nos préoccupations."

Elisabeth Margue, la présidente du CSV

L’actualité est surtout liée à la crise de l'énergie et à l’inflation. Quelles solutions prendriez-vous si vous étiez au pouvoir afin d’améliorer la situation ?

On demande depuis longtemps une grille d'imposition qui soit adaptée à l’inflation. Les tranches d’imposition n’ont en effet pas suivi cette inflation depuis 2017. Quant à l’allocation “vie chère", nous avons plaidé en faveur d’une extension des bénéficiaires. D’une manière générale, il faut aider la classe moyenne qui souffre en ce moment. Nous sommes conscients que l’argent dont dispose l’Etat ne coule pas à flot et que les temps sont durs pour tout le monde. Cependant, on paye le fruit d’une politique de la « gratuité » menée par la majorité. Pour moi, tout n’est pas à jeter non plus, comme la gratuité des transports en commune par exemple. Mais il y a certaines décisions qui pouvaient être prises autrement. Je pense notamment à celles concernant les élèves du cycle 4.2 qui pourront bénéficier de la gratuité des repas à la cantine pendant les semaines d’école au Luxembourg. Dans ce dossier, je prône plus une approche pour que chaque famille puisse être moins taxée, qu’elle puisse gérer au mieux son argent et qu’elle le distribue ensuite dans l’économie comme bon lui semble. Cette gratuité a un coût et au final quand ça ne fonctionne pas, ce sont les communes et les citoyens qui payent.

Quelles conclusions tirez-vous de la tripartite que le pays a connu en septembre/octobre ?

Le CSV a toujours été en faveur d’une tripartite, le modèle nous tient à cœur. Je pense que les mesures sont acceptables. Globalement, c'est un compromis pour les salariés et les entreprises. Pour le CSV, il manquait encore quelques points concernant les étudiants et les agriculteurs pour n’oublier personne, mais il semble que les mesures ont été prises entre temps (NDLR : l’interview a été faite le 20 octobre).

Certains membres de votre parti affirment parfois qu’il n’y a plus de vrais débats au Parlement… Il faut nuancer. Il y a toujours un débat, mais c’est vrai que le gouvernement a trop tendance à faire appel à des organes consultatifs pour prendre ensuite des décisions. La Chambre des Députés doit, plus que jamais, conserver son rôle et être écoutée. Elle doit avoir son mot à dire. Nous avons parfois le sentiment que la Chambre est “mise de côté”. Je ne dis pas que l’Etat ne peut pas faire appel à des conseillers externes, mais il faut qu’il consulte aussi ses députés.

Votre sentiment sur cette période sombre qu’a été la crise sanitaire (covid-19) ?

Ce fut une crise sanitaire sans précédent et on a vu pas mal de changements d’approche dans le chef des politiciens et des citoyens. Dans ce contexte, ce n’était pas facile de gérer ce type de situation, inédite. Du côté de l’opposition, nous avons essayé de suivre les décisions et le travail du gouvernement en place qui devait s’adapter en fonction des circonstances. Si l’Etat a pris de bonnes décisions ? On ne peut pas reprocher à la majorité de ne pas avoir agi pour le bien du pays, même si certaines décisions ont fait parler d’elles.

Le citoyen a du mal à boucler ses fins de mois et on lui impose des lois pour la sauvegarde de la planète. N’est-ce-pas trop lui en demander ?

Je suis consciente que nous vivons dans le même monde, mais que certains ont plus de difficultés financières que d’autres. Néanmoins, la politique en matière de développement durable doit prendre en considération les intérêts à long terme. L’objectif est la réduction des gaz à effet de serre. On n’ a pas le choix, nous devons agir pour le futur de nos enfants. Ce n’est pas facile, j’en conviens. Je sais que la voiture électrique n’est actuellement, sans doute pas la solution pour résoudre tous les problèmes, et c’est pour cela qu’il faut développer d’autres systèmes. Cela pourrait être l’hydrogène, par exemple. Dans tous les cas, il faut une énergie verte. Une seule solution ne peut nous sauver, il faudra donc en trouver et en développer d’autres pour arriver aux objectifs fixés.

Membre du conseil communal de Bascharage, Josy Hames (CSV) a récemment enflammé la sphère politique en qualifiant Déi Jonk Gréng (les jeunes verts) de «terroristes» qui vont «provoquer la fin de l'Europe et de sa culture». L’idéologie écologique est-elle dangereuse ? Je souhaite d’abord mettre les choses au point : ces propos sont inacceptables. Monsieur Hames n’a pas véhiculé une bonne image de notre parti et il a changé de camp entretemps ! On peut toujours critiquer, mais ici, c’est allé trop loin. Le changement climatique concerne tout le monde.

"D’une manière générale, l’appareil étatique met souvent trop de temps avant de prendre une décision."

Elisabeth Margue, la présidente du CSV

Quel est votre regard sur le pays à l’heure actuelle ?

Plusieurs grosses problématiques sont de véritables défis à affronter pour le pouvoir politique. Comme déjà dit, les thèmes du logement et du climat sont devenus prioritaires. Pour les entreprises aussi, ce n’est pas simple. Les prix de l’immobilier ont explosé, faire venir de la main-d'œuvre étrangère n’est pas aisé. Il faut prévoir, construire des logements etc. Je ne suis d’ailleurs pas très convaincue des annonces faites par le gouvernement actuel en matière de logement. Les décisions prises ne sont pas de nature à améliorer la situation. Quant aux mesures climatiques, on a réagi tardivement. L’Etat n’a pas encore installé suffisamment de panneaux solaires sur les bâtiments publics, par exemple. D’une manière générale, l’appareil étatique met souvent trop de temps avant de prendre une décision. Il faut agir plus rapidement, pas quand le problème intervient. Gouverner, c’est anticiper !

Et au niveau européen ?

Au niveau de l’Europe, il est clair que les citoyens vont de moins en moins bien. Les pro-européens que nous sommes ne vont pas la remettre en question. On est plus forts ensemble, c'est une question de communication. L’UE doit mieux faire passer ses messages et montrer davantage ce qu’elle apporte aux citoyens. En tant que Luxembourgeoise, l’UE ne peut qu’avoir des bienfaits pour notre pays.

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine est d’actualité. Les dirigeants de l’UE appliquent le “quoi qu’il en coûte” pour aider l’Ukraine, au risque de voir un appauvrissement de la population européenne. Quel est votre sentiment à ce sujet ?

Cette guerre n’est pas justifiée. On doit supporter l’Ukraine. On ne peut pas abandonner. N’oublions pas que dans le passé, le Luxembourg a aussi compté sur l'aide internationale pour se relever.

Quel poste occuperez-vous au lendemain des élections, en octobre 2023 ?

Après, je ne sais pas. Je continuerai mon chemin et j'essaierai de faire le mieux possible. On verra bien.

CSV